Depuis ce 28 juin 2012, où ton cœur a cessé de battre et où le notre s'est brisé à tout jamais, deux ans et demi se sont écoulés ...

Depuis, je ne cesse de penser à cet accident, si brutal, si stupide, si injuste, tous les soirs, quand je ferme les yeux, je suis hantée par cette image violente de ton corps balancé sur le pare-brise de cette voiture traitresse ... Je ne cesse de me poser la même question : POURQUOI ? 

J'attends la réponse, je n'ai pas trouvé moi-même de réponse, et que personne ne me dise que c'était ton destin, que tu étais "au mauvais endroit au mauvais moment", ou que c'est un "banal accident" et "qu'on n'y peut rien", je ne m'en laisserai jamais convaincre.

Parfois je rêve de toi, mais c'est à chaque fois le même scénario: il se passe une catastrophe et je suis incapable de te sauver; un bateau qui échoue et je te vois couler sous mes yeux, j'ai beau nager et tendre les bras je n'arrive pas à t'atteindre et tu t'éloignes de moi dans les profondeurs de l'océan, une bombe qui explose et je te cherche parmi la foule en panique, je crie ton nom mais je ne te retrouve pas ... Au réveil, c'est toujours cette même réalité qui me rattrape: un jour de plus sans toi, le cauchemar.

Chacun fait face du mieux qu'il peut, mais c'est très dur sans toi, Owen ! Tu nous manques tellement ! Cette souffrance que je ressens, la souffrance du manque, ne sera jamais apaisée, je le sais. Les larmes peinent à sortir, mes yeux sont devenus arides d'avoir tant pleuré. Ce manque je le ressens physiquement, il est toujours en moi, me serre le cœur et le corps, alourdit et ralentit tous mes gestes, me noue la gorge parfois quand un sanglot monte d'un coup, sans que je l'aie senti venir ...

Oui Owen, tu nous manques, et tu nous manqueras toujours, comment réparer un vase brisé quand il en manque un morceau ? Un morceau irremplaçable ? Notre famille est à l'image de ce vase, brisé, rafistolé, mais à jamais ébréché ...

Comme je t'ai porté neuf mois dans mon ventre, je te porte pour toujours dans mon cœur, Owen, mon fils, mon amour.

Mais ce n'est pas pareil évidemment, car maintenant, chaque fois que je pense à toi, je suis envahie de tristesse et de désespoir, alors que quand tu grandissais dans mon ventre, c'est avec tendresse et amour que je t'imaginais, que je t'attendais ...

Maintenant je sais que tu n'ouvriras plus la porte de ta chambre, je ne tends plus l'oreille, je sais que tu n'iras jamais au lycée, je ne te guette plus à l'arrêt de car, je sais que tu ne pratiqueras plus ton sport préféré, je ne te cherche plus sur les stades, je sais que tu ne surferas plus, tes cendres reposent au fond de l'océan ...